L’art pour soigner les blessures du terrorisme

L’association française des victimes du terrorisme (AFVT) propose à des adolescents et jeunes adultes du monde entier de les aider à affronter les blessures laissées par des attaques terroristes en se servant de l’art et de la parole. Ils viennent de Russie, Colombie, d’Israël, du Liban ou encore de la France et ont tous ce poi

L’association française des victimes du terrorisme (AFVT) propose à des adolescents et jeunes adultes du monde entier de les aider à affronter les blessures laissées par des attaques terroristes en se servant de l’art et de la parole. Ils viennent de Russie, Colombie, d’Israël, du Liban ou encore de la France et ont tous ce point commun d’avoir vécu un moment traumatisant dans leur vie à cause d’actes terroristes.

Afin de libérer les souvenirs douloureux , parfois enfouis pendant des années, un projet pédagogique, sur trois ans, invite ces jeunes, âgés de 15 à 24 ans, à participer à des discussions de groupes, des ateliers artistiques et sportifs tout en apprenant à surmonter les dures épreuves vécues. “Quelle que soit leur langue, religion ou culture, tous ont été des victimes directes ou indirectes du terrorisme. L’objectif, c’était de les regrouper et de créer la rencontre entre eux pour libérer la parole”, commente Asma Guenifi, psychologue à l’AFVT et directrice du projet nommé Papillon.

Parmi les participants, Alexandre, âgé de 22 ans, avait déjà adhéré à ce programme pédagogique en 2014. Originaire d’ Ossétie du Nord en Russie, il a été emprisonné dans l’enceinte scolaire de Beslan prise en otage par des terroristes Tchétchènes. Après s’être réfugié avec sa mère dans le gymnase de l’école, il a ensuite été retenu par les rebelles pendant trois jours sans pouvoir boire, ni manger. Alexandre avait alors 10 ans et a perdu son frère lors de ce drame. “Les vacances en France font du bien”,  a-t-il confié lors de ce deuxième séjour durant lequel il sera entouré d’une vingtaine d’autres victimes du terrorisme.

Laura a, quant à elle, perdu son père retenu en otage au Nigeria par Boko Haram et ensuite assassiné. “Avant le projet, j’étais isolée. Maintenant, j’ai appris comment vivre avec ma situation, avec ma douleur. Je l’ai acceptée”, s’est-elle exprimée avant d’ajouter qu’elle se sent actuellement comme “un papillon, en pleine métamorphose”. Avec ses camarades, elle participe ainsi aux différentes activités pédagogiques qui permettent à chacun de s’exprimer comme il le souhaite. Certains vont parler plus facilement de leur histoire, tandis que d’autres préféreront se libérer grâce à l’art.

C’est notamment le cas de Séphora, une jeune israélienne qui a choisi l’option musique pour soulager ses souffrances et s’est mise à écrire ses propres textes afin de les raper. “Je suis marquée de la trace, d’une tragédie. J’étais clouée au sol, mais ça c’était hier. Aujourd’hui, c’est fini, un papillon m’a sauvé la vie”, a-t-elle alors chanté.

Selon le psychologue de ce projet, Dominique Szepielak , ces jeunes ont besoin d’un traitement spécial, ne serait-ce que le temps de quelques années afin de pouvoir mieux surmonter leurs traumastismes et l’explique ainsi : “Le terroriste casse tous les repères. Il faut du temps pour leur redonner confiance, leur expliquer qu’ils ont vécu quelque chose d’extraordinaire, d’anormalement violent.’ Malgré ces profondes blessures, la plupart de ces jeunes semblent être déterminés à ne pas gâcher leur vie, encore longue, et à ne pas jouer le jeu des terroristes comme le dit si bien ce jeune Libanais de 22 ans, Khatchig, “Il faut se révolter”.

Texte : AFP / pg