Une application de suivi personnalisé pour le cancer du poumon

Selon les chiffres cités par l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), la tumeur du poumon est le cancer le plus fréquent dans le monde avec 1,8 million de nouveaux cas en 2012 et 1,59 million de décès. Une application mobile française inédite a été présentée lors de la conférence annuelle de l’ASCO à Chicago. Elle permettrait

Selon les chiffres cités par l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), la tumeur du poumon est le cancer le plus fréquent dans le monde avec 1,8 million de nouveaux cas en 2012 et 1,59 million de décès. Une application mobile française inédite a été présentée lors de la conférence annuelle de l’ASCO à Chicago. Elle permettrait de proposer aux patients atteints d’un cancer avancé du poumon des soins plus tôt, voire d’accroître leurs chances de survie, grâce à une meilleure communication entre malade et soignant.

Le logiciel, nommé MoovcareTM, a été conçu grâce à l’analyse de l’évolution des symptômes décrits par les patients et permet la mise en place d’un suivi personnalisé à distance ainsi qu’une détection précoce d’éventuelles rechutes ou complications. Une étude, réalisée sur 133 patients a permis d’évaluer l’application. Ainsi, tous les participants ont suivi une chimiothérapie, un traitement radiologique ou une intervention chirurgicale, puis certains d’entre eux, choisis au hasard, ont utilisé cette application tandis que les autres ont eu un suivi médical standard, composé de visites chez le cancérologue et un scanner tous les trois à six mois.

Alors que les patients équipés de l’application avaient le même calendrier de visites médicales, ils avaient trois fois moins de scanners programmés. Chaque semaine, ils étaient appelés à évaluer eux-mêmes leurs symptômes par le biais de l’application. Cette dernière analyse au fur et à mesure les données pour douze symptômes et les résultats sont transmis au cancérologue. Si un changement spécifique est constaté, le médecin est alerté et peut ainsi adapter le traitement.

75% des patients équipés de l’application étaient encore en vie un an après le début de l’étude, contre seulement 49% dans le groupe témoin. Les taux de rechute étaient quant à eux similaires dans les deux groupes avec respectivement 51% et 49%. Cependant, l’état général de santé des patients utilisateurs de l’application au moment d’une rechute était assez bon, ce qui a permis à la grande majorité (74%) de pouvoir suivre le traitement recommandé. Par comparaison, seul un tiers de l’autre groupe était suffisamment robuste pour supporter un nouveau traitement. Une réduction du nombre moyen de scanners de 50% par malade et par an a été réalisée grâce à l’application.

La survie moyenne des patients participant à cette étude a été de 19 mois, contre 12 mois dans le groupe témoin ayant reçu un suivi médical standard. Par ailleurs, la qualité de vie des patients utilisateurs de l’application a également été jugée meilleure. Le docteur Fabrice Denis, spécialiste du cancer du poumon à l’Institut inter-régional de cancérologie Jean Bernard au Mans (ouest de la France) est le concepteur de l’application et l’auteur de l’étude, qui l’accompagne. Il a expliqué, que grâce à “cette application, nous pouvons détecter des complications et des signes de rechute et proposer des soins plus tôt”. Pour lui “Cette approche ouvre une nouvelle ère de suivi médical: les malades, en contact continu avec leur cancérologue, peuvent donner et recevoir des informations”.

Le docteur Gregory Masters, cancérologue professeur de médecine à la faculté de médecine Thomas Jefferson à Philadelphie, n’a pas participé à cette étude mais a déclaré que “cette étude confirme l’importance d’améliorer la communication entre le médecin et le patient”.

Il est important de préciser que ce système novateur n’a pas vraiment accru la charge de travail des cancérologues. En effet, ces derniers ont ajouté à leur emploi du temps seulement quinze minutes par semaine de suivi pour 60 patients et cela a entraîné une diminution des appels téléphoniques des patients au cabinet de leur médecin.

Texte : AFP / esanum
Photo : Stokkete / Shutterstock