Les travaux sont publiés mercredi dans la revue spécialisée Brain. L’anticorps développé a été testé sur des souris et les chercheurs espèrent procéder rapidement à des essais chez les humains.
Fabian Docagne, qui a dirigé l’étude, a déclaré à l’AFP : “Nous espérons pouvoir démarrer des essais cliniques — dans un premier temps sur l’innocuité de l’anticorps, puis sur son efficacité si l’innocuité est vérifiée — le plus tôt possible”. Ajoutant que “Pour cela, nous cherchons des partenaires (industriels, etc.) prêts à financer des essais qui peuvent représenter un investissement de plusieurs millions d’euros”. Ces travaux ont fait l’objet d’une demande de brevet.
La sclérose en plaques affecte le cerveau et la moelle épinière. Elle est considérée comme une maladie auto-immune car le système immunitaire attaque ses propres constituants. Les cellules immunitaires, en particulier les lymphocytes, entraînent la destruction de la gaine de myéline qui entoure et protège les prolongements des neurones. Ce qui perturbe la transmission de l’influx nerveux. Les lésions ont la forme de “plaques” sont dispersées au niveau du cerveau et de la moelle épinière. Elles provoquent des symptômes qui varient beaucoup d’une personne à l’autre.
La maladie touche environ une personne sur mille. Elle se manifeste le plus souvent par poussées, avec l’apparition de troubles moteurs, sensitifs et cognitifs, qui régressent en quelques semaines. Ces symptômes peuvent évoluer vers un handicap irréversible.
Les traitements actuels réduisent les poussées et améliorent la qualité de vie des patients. Cependant aucun ne permet de lutter contre la progression de la maladie. Afin d’atteindre le système nerveux central, les cellules du système immunitaire circulant dans le sang doivent franchir la barrière hémato-encéphalique et la barrière hémato-médullaire. L’anticorps développé au laboratoire a été appelé Glunomab. Il empêche l’ouverture de ces barrières et limite ainsi le passage des lymphocytes agresseurs.
L’équipe a testé ses effets thérapeutiques sur des souris affectées d’une forme de sclérose en plaques. Après une injection intraveineuse du Glunomab, la progression des troubles moteurs (paralysie partielle ou totale des membres) a été bloquée. Chez les souris traitées, cet effet est associé à une diminution de l’infiltration des lymphocytes dans le tissu nerveux, et à une réduction de la destruction des gaines nerveuses.
Texte : APF / esanum
Photo : extender_01 / Shutterstock