Amiante dans les établissements scolaires, où en est-on ?

D'ici 2050, l'amiante causera plusieurs dizaines de milliers de décès par cancer du poumon. Quel est le risque d'exposition dans les écoles, lorsque l'on sait que 80% du parc immobilier de l'éducation nationale contient de l'amiante, tout en étant dans un état de vétusté alarmant ?

Dangerosité de l'amiante dans les établissements scolaires

Dans les établissements scolaires, les matériaux amiantés sont soumis à une forme de dégradation mécanique inévitable, à cause de leur vétusté, mais aussi des déplacements incessants de centaines d’élèves et de leurs habitudes enfantines, comme celles de gratter et toucher les murs. Les obligations légales liées à la réalisation systématique d’un diagnostic amiante (DTA) étant très peu tenues, de nombreuses opérations de maintenances courantes sont également effectuées sans précaution particulière, ce qui peut conduire très vite à des situations d’exposition.

En mars 2025, les syndicats d’enseignants ont révélé que 85 % des bâtiments scolaires en France construits avant 1997 contiennent encore de l'amiante. En novembre 2025, cinquante parents d'élèves, sept syndicats et trois associations de victimes de l’amiante à Marseille ont porté plainte contre X pour « mise en danger délibérée de la vie d’autrui ». 

Quelles maladies et combien de malades  ? 

Les maladies liées à l'exposition à l'amiante touchent essentiellement l’appareil respiratoire. Il s’agit surtout de fibroses du poumon (asbestose), de plèvre (plaques pleurales, d'épaississements de la plèvre viscérale) et de cancers (mésothéliome de la plèvre, cancer broncho-pulmonaire, etc.).

Selon un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, d’ici 2050, le nombre de décès par cancer du poumon dus à l’amiante serait de 50 000 à 75 000, auxquels s’ajoutent de 18 000 à 25 000 décès par mésothéliome. Santé Publique France en juin 2019, a annoncé qu'entre 20 et 60 personnels de l'éducation nationale se font reconnaître chaque année un cancer de l’amiante en maladie professionnelle.

Ces chiffres sont en réalité très certainement sous-estimés. Ils n’intègrent par exemple pas les décès par cancer du larynx ou de l’ovaire liés à l’exposition à l’amiante et il est aussi extrêmement difficile de tracer les malades, car les effets de l'amiante ne se font sentir que des décennies après l’exposition.

Concernant les enfants, même si le volume de données exploitable est faible, il est impossible d'exclure le fait que leur exposition à l'amiante durant leur scolarité ne provoquera pas une maladie grave plus tard. Un rapport du  Royaume-Uni de la Joint Union Asbestos Committee (JUAC) datant de 2021 a estimé que, pour la période 1980-2017, le nombre de décès d'anciens élèves attribuables à une exposition à l’amiante dans les écoles varie entre 3 890 et 9 000. La Cour suprême du Royaume-Uni a reconnu au moins pour un cas (Dianne Willmore) que la responsabilité de l’autorité locale était engagée, car le décès était clairement imputable à la fréquentation d'une école amiantée dans les années 1970.

Sources
  1. Programme national de surveillance du mésothéliome pleural (pnsm) : 20 années de surveillance (1998-2017) des cas de mésothéliome, de leurs expositions et des processus d’indemnisation. ; Santé publique France, juin 2019. Cliquez ici.
  2. Amiante, effets sur la santé, Institut national de recherche et de sécurité. Cliquez ici.
  3. Amiante : plus de 50 parents d’élèves, enseignants et agents exposés dans des écoles de Marseille portent plainte pour « mise en danger », le Monde, 19 novembre 2025. Cliquez ici
  4. Mesothelioma caused by asbestos in UK schools and hospitals: an ongoing risk to public health ; British Safety Council ; septembre 2024. Cliquez ici.