Prise en charge d’un accident d’exposition au risque viral

Un accident d’exposition au risque viral (AEV) peut avoir lieu dans différentes situations. On distingue communément deux cas : les AEV professionnels, qui concernent les accidents exposant au sang (AES) ou à un liquide biologique, à cause d’une piqûre avec une aiguille par exemple et les AEV non professionnels, notamment les relations sexuelles

Un accident d’exposition au risque viral (AEV) peut avoir lieu dans différentes situations. On distingue communément deux cas : les AEV professionnels, qui concernent les accidents exposant au sang (AES) ou à un liquide biologique, à cause d’une piqûre avec une aiguille par exemple et les AEV non professionnels, notamment les relations sexuelles non protégées. Il s’agit d’une urgence médicale dont l’objectif est d’agir dans les quatre heures.

Accident exposant au sang (AES)

Ces cas surviennent généralement à l’hôpital chez les soignants, mais peuvent aussi concerner les toxicomanes qui consomment des drogues intraveineuses. Les piqûres profondes avec aiguilles creuses en intravasculaire sont celles qui créent le risque d’infection le plus important. Les principaux agents mis en cause sont le VIH, le VHC et le VHB.

Pour le VIH, le taux de séroconversion après une piqûre avec une seringue infectée reste très faible, de l’ordre de 0,3 %. Il monte à 1 à 3 % pour le VHC et jusque 40 % pour le VHB chez les sujets non vaccinés. Pour rappel, la vaccination anti-VHB est obligatoire chez les professionnels de santé.

En cas d’AES, il faut immédiatement nettoyer la plaie au savon puis au Dakin ou à la Javel. Le statut sérologique du patient (VIH, VHC, VHB le cas échéant) doit être aussitôt établie en urgence, avec son consentement. Si l’accident concerne un soignant, il doit faire l’objet d’une déclaration obligatoire dans les 48 heures.

Idéalement dans les quatre heures qui suivent l’accident, on indique un traitement antirétroviral post-exposition (TPE) si l’on estime qu’il existe un risque non négligeable de transmission. Il consiste en une trithérapie, habituellement ténofovir, emtricitabine et darunavir (ou ritonavir), destinée à diminuer drastiquement le risque de contamination au VIH. Ces médicaments peuvent néanmoins présenter d’importants effets indésirables et il convient donc au prescripteur de préciser les bénéfices et les risques à la personne concernée. Au-delà de 48 heures, la mise en place d’un TPE est inutile. Ce traitement doit être continué pendant vingt-huit jours, en fonction de la sérologie du patient et de la nature de l’exposition. On effectue ensuite une sérologie VIH deux et quatre mois après l’AES.

Pour la prévention de l’infection au virus de l’hépatite C, il n’existe pas de prophylaxie. Si le patient source est séropositif au VHC, on prescrira un suivi biologique et clinique à la victime, qui pourra ainsi bénéficier d’une prise en charge rapide en cas de primo-infection.

Pour le VHB, le risque est nul chez les soignants qui sont soumis à l’obligation vaccinale. On indique une sérovaccination chez les personnes non vaccinées ou ne répondant pas à la vaccination.

Prise en charge d’une exposition sexuelle

Le taux de séroconversion au VIH est situé entre 0,1 % et 1 % après une relation sexuelle non protégée. Certaines situations sont particulièrement à risque : les rapports anaux, la présence de lésions muqueuses, la présence de menstrues, etc. Le risque maximal concerne les situations de viol. L’accueil de l’individu concerné débute par un interrogatoire des modalités de l’exposition et du risque sérologique.

Un TPE est ensuite immédiatement mise en place, avec les mêmes modalités que celles évoquées précédemment, y compris pour la surveillance virologique. Les modalités de sérovaccination pour le VHB et de surveillance clinico-biologique du VHC sont également les mêmes.

Le cas d’un viol est particulier. Le médecin légiste en charge de la victime doit effectuer un examen médico-légal dans le but d’identifier le violeur, par des prélèvements. Puis le risque infectieux et évalué et un TPE est mis en place si indiqué et si accord de la victime. On prescrit une contraception d’urgence pour prévenir le risque de grossesse et on effectue un bilan sérologique initial chez la victime. Le risque de transmission du VHC est plus important en cas de viol, il sera donc d’autant plus nécessaire d’effectuer une surveillance adéquate.

Texte : sb / esanum
Photo : UGREEN 3S / Shutterstock