À quand une vraie réforme des études de médecine et des hôpitaux ?

En dépit de l'annonce du Président de la République, la réforme du Numerus Clausus ne résoudra pas la crise de la santé. Bernard Kron revient sur la nécessité d'une réforme plus profonde.

La canicule a remis en exergue la surcharge des services d’urgences et le délabrement de certains hôpitaux.

Nous les médecins, attendons donc avec impatience le projet de réforme des études médicales et des hôpitaux.

La sélection par la PACES est une folie. Elle sélectionne des profils très similaires avec une prédominance des profils scientifiques et mathématiques (baccalauréat scientifique avec mention) et un taux important d’étudiants issus de classes sociales élevées qui peuvent se payer le luxe de préparations onéreuses.

Multiplier les voies d’accès aux études de médecine permettrait d’atténuer ce type de sélection et de diversifier les profils des étudiants, mais là n’est pourtant pas le vrai problème.

Augmenter le numerus clausus serait également une erreur, car cela n’aurait d’effet que dans dix à douze ans. À cette date les "infirmiers de l’avant (stade maîtrise) et l’IA feront leur plein effet et l’on risquerait d’avoir trop de médecins !

Ce qu’il faut, c’est former mieux et plus précocement les médecins généralistes.

Les premiers stages hospitaliers devraient être orientés vers la clinique, afin de préparer les futurs praticiens aux stages de ville.

Les stages en ambulatoire, quant à eux doivent aussi évoluer. Il n’est pas nécessaire d’augmenter le nombre de Maîtres de Stage universitaires (MSU) qui peuvent accueillir des étudiants, car ce statut est trop contraignant pour être attractif. Il faut au contraire demander aux médecins des maisons médicales de les accueillir sur volontariat. Pour pouvoir compenser la perte de temps de travail compte tenu des obligations d’encadrement il faudrait que ces étudiants aient déjà fait un stage hospitalier où ils auraient appris l’interrogatoire et l’examen clinique. Le statut d’assistants médicaux permettrait de leur déléguer certaines tâches.

Faciliter les conditions d’accueil des étudiants dans les stages hors CHU est donc fondamental. L’étudiant stagiaire découvrirait ainsi les différents modes d’exercice existant sur le territoire. 

La réforme du deuxième cycle est donc le corollaire de la réforme de la PACES et permettrait de raccourcir l’Internat de médecine générale.

 C’était le cas lors ce que l’Externat par concours donnait prioritairement accès aux stages de qualité et formait de très bons médecins généralistes en 8 ans.

La réforme du troisième cycle qui sépare l’internat en trois phases est aujourd’hui inadaptée pour la médecine générale. La plupart des candidats, à son issue, ne s’installent pas ou choisissent le salariat ou une autre spécialité dans le post-internat pour avoir accès au secteur 2.

Pour conclure sur cette réforme, on peut dire qu’elle sera « à côté de la plaque » si on ne revoit pas dans le même temps le cursus de la médecine générale avec densification de la formation clinique des stages avec un internat de deux ans ;

Cela permettrait en moins de quatre ans de régler la désertification.
Le réaménagement du territoire devrait accompagner cette réforme.