1ère greffe de rein robotisée par voie intra-vaginale, faut-il « creuser » un peu plus ?

La nouvelle d’une opération révolutionnaire s’est rapidement répandue, alors que le CHU de Rangueil à Toulouse a annoncé la réussite d’une greffe de rein par voie intra-vaginale et robotisée pour la receveuse (une patiente de 43 ans) et la donneuse (sa sœur de 44 ans) ; ceci est une première mondiale. Les chirurgiens Federico Sallusto, uro

La nouvelle d’une opération révolutionnaire s’est rapidement répandue, alors que le CHU de Rangueil à Toulouse a annoncé la réussite d’une greffe de rein par voie intra-vaginale et robotisée pour la receveuse (une patiente de 43 ans) et la donneuse (sa sœur de 44 ans) ; ceci est une première mondiale. Les chirurgiens Federico Sallusto, urologue responsable de la transplantation rénale du CHU de Toulouse et Nicolas Doumerc, expert en chirurgie urologique assistée par robot, ont transplanté avec succès un rein à une patiente, ne laissant aux patientes donneuse et receveuse que 5 incisions de 8 millimètres à cicatriser, non apparentes de plus, car celles-ci se trouvent au fond du vagin.

En France, la première chirurgie néphrologique par voie vaginale avait déjà eu lieu en 2010 aux Hospices civils de Lyon, lors de l’ablation d’un rein chez une patiente souffrant d’obésité morbide (IMC ≥ 40) qu’il aurait été impossible d’opérer autrement.

Une étude indienne menée sur (uniquement) huit patientes a été menée quant à la réalisation de transplantation rénale par voie vaginale, inspirant l’équipe toulousaine à entreprendre cette chirurgie, en faisant une première, assistée par un robot.

Les techniques d’opérations robot-assistées ont pu profiter à seulement une centaine de patients (aux USA et en Inde principalement) ces dernières années. Les transplantations robot-assistées permettent une très fine précision lors des actes chirurgicaux, une diminution considérable des longueurs des cicatrices, qui présentent des avantages septiques et esthétiques, une moindre douleur post-opératoire et un risque d’épanchement lymphatique diminué. Les patients nécessitent ensuite une moindre durée de séjour sous surveillance hospitalière, car une rémission plus rapide ; lors de cette opération à Toulouse, la donneuse et la receveuse ont pu rentrer à domicile respectivement dès le 2ème et le 4ème jour. Nous assistons donc aux balbutiements d’une nouvelle ère chirurgicale qui se montre prometteuse.

Ces techniques éveillent en plus l’espoir de pouvoir transplanter des patients souffrant d’obésité morbide, qui étaient jusque là sujets de contre-indication pour l’opération, car à trop haut risque de septicémie post-opératoire dû aux incisions profondes de la couche adipeuse en fosse illiaque entre autres.

Étant donnée la vague d’enthousiasme justifiée par cette réussite, les effets secondaires potentiels de l’opération ne sont cependant pas abordés par les équipes médicales.

Qu’en est-il par exemple de la vie sexuelle de la patiente après opération ? Les cicatrices, minimes soient-elles, ne peuvent-elles pas fragiliser la paroi vaginale chez certaines patientes, causant des dyspareunies par exemple, et des risques à l’accouchement par voie basse ? Ceci nécessiterait de faire l’objet de plus d’investigation lors d’opérations par voie vaginale…

Enfin, la voie intra-vaginale étant exclusivement féminine, les chirurgiens envisagent la possibilité d’une intervention similaire par voie ombilicale chez les hommes, à suivre…

Texte : esanum