11 vaccins obligatoires pour lutter contre l’hésitation vaccinale

Dès aujourd’hui, tous les nouveau-nés devront recevoir 11 vaccins obligatoires pour fouler le sol des crèches ou des cours de récréation. Une mesure polémique tant pour les médecins que pour les patients.

C’était une mesure phare du gouvernement d’Édouard Philippe : élargir la liste des vaccins infantiles obligatoires de 3 à 11.

Elle entre désormais en vigueur, ce 1er janvier 2018.
 

Traditionnellement en effet, le fameux trio « DTP », rassemblait un vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. Ces vaccins étaient administrés aux nouveau-nés, avant l’âge de 18 mois. Désormais, il faudra compter également sur des injections visant à protéger de la coqueluche, la rougeole-oreillons-rubéole (ROR), l’hépatite B, la bactérie Haemophilus influenzae, le pneumocoque et la méningocoque C.

Une pratique déjà largement familière

L’objectif affiché de la mesure ? Renforcer le taux de couverture vaccinale sur le territoire. En effet, on assiste depuis quelques années, au retour de maladies graves, comme la rougeole, qui a causé la mort de 10 enfants depuis 2008. Fin 2017, c’était une adolescente de 16 ans qui a succombé à cette maladie, contre laquelle elle n’était pas vaccinée. Pourtant la vaccination des 8 autres vaccins était déjà largement répandue. Comme l’expliquait le site allodocteurs.fr, « depuis 2008, le DTP seul n’est plus commercialisé et les laboratoires l’associent à d’autres vaccins recommandés sous forme de vaccins polyvalents, vendus plus chers. En février, le Conseil d’État avait demandé au gouvernement de mettre fin à cette incohérence. » Ainsi même si une majorité d’enfants recevaient déjà ces vaccins, cela permettra tout de même d’immuniser 80 000 enfants supplémentaires dès l’année prochaine.

Médecins et patients sceptiques

L’une des raisons de la baisse du taux de vaccination réside dans la confiance des Français envers les vaccins. En 2016, 69 % des citoyens disaient faire confiance à la vaccination. Largement élimée par de multiples polémiques (comme celle des vaccins contre la grippe A en 2010 ou encore des vaccins contre la grippe saisonnière en 2016), la confiance dans la vaccination a progressivement baissé. Et pour cause, les médecins généralistes eux-mêmes étaient nombreux à déconseiller l’injection. Selon le docteur Pierre Verger, codirecteur de l’Unité Inserm Sciences sociales de la santé et traitement de l’information médicale, il s’agit d’un problème de formation. « Les médecins ne sont pas bien formés à la vaccination, un très faible nombre d’heures y étant consacré dans le cursus médical. Ils sont donc, comme tout le monde, traversés par des incertitudes. Face à des patients récalcitrants, ils se débrouillent avec leur expérience personnelle et professionnelle. »

C’est contre cette hésitation vaccinale qu’a voulu lutter Agnès Buzyn, en rendant ces vaccins obligatoires. En effet, comme le rappelle Le Monde, « c’est grâce à l’effet individuel de la vaccination, et à l’immunité de groupe que les agents infectieux (virus ou bactérie) ne pourront plus circuler dans la population ».

Il faudra donc un travail pédagogique important et sur la durée, pour venir désarmer les opposants à la vaccination obligatoire. Et ce sont les médecins généralistes, qui vont jouer le rôle majeur dans la réussite des campagnes de vaccination, comme nous l’expliquait le docteur Jean-Louis Bensoussan, du Collège de la Médecine Générale sur l'hésitation vaccinale au CMGF 2017, dans cette vidéo.