Syndrome de fatigue chronique : l’importance du perfectionnisme dans son approche comportementale

Le syndrome de fatigue chronique (SFC), également nommé «encéphalomyélite myalgique», est un syndrome encore peu connu, et confondu dans la plupart des cas avec un syndrome dépressif ou une fibromyalgie. Le diagnostic du SFC s’établit grâce aux critères de FUKUDA ( Fukuda K et al. Annals of Internal Medicine 1994) qui font autorité dans le domaine. Le patient doit donc présenter:

2 critères majeurs obligatoires:
-Fatigue supérieure à 6 mois avec diminution des activités (3 mois pour les enfants).
- Absence de cause apparente.

Avec au moins 4 de ces 8 critères mineurs:
- Trouble de la mémoire ou difficultés importantes de concentration.
- Irritation de la gorge.
- Raideur cervicale ou adénopathies axillaires
- Douleurs musculaires.
- Douleurs articulaires sans inflammation.
- Céphalées inhabituelles.
- Sommeil non reposant.
- Fatigue généralisée, supérieure à 24 h, après un exercice physique.

Les symptômes caractéristiques étant non spécifiques, il s’agit d’un diagnostic d’exclusion! Ses causes sont encore indéterminées; on suppose une infection (à HSV, EBV, brucellose, ou mycoplasmes en particulier) avec perturbation des systèmes immunitaire, et/ou hormonal (déficit en somatotropine et/ou en cortisol), psychique. La seule certitude est qu’il s’agit d’une pathologie multifactorielle.

Sa thérapie actuelle s’établit en fonction du patient, par des traitements adjuvants pour la symptomatique : antidépresseurs (ADT, Amitriptyline, et ISRS, Fluoxétine, Sertraline) et AINS. Mais surtout, le plus important est une thérapie comportementale et cognitive, pour le bien-être de la personne. En ce point, une étude menée par des chercheurs canadiens vient d’établir l’importance d’aborder le perfectionnisme dans la thérapie comportementale chez ces patients souffrants de SFC. Ces derniers viennent d’établir un lien significatif entre le SFC et le perfectionnisme, ainsi qu’une stratégie mal adaptée de coping dont usent ces patients, qui serait corrélée à un plus haut risque d’atteinte de maladies chroniques telles que le syndrome de l’intestin irritable et la fibromyalgie.

Dans cette étude réalisée sur un échantillon de 980 personnes de Canada et des USA, 4 stratégies mésadaptées de coping ont été prises en compte d’après le Brief COPE:
- le désengagement comportemental
- la tendance à la toxicomanie
-le déni
-l’auto-culpabilité

Il s’avère que les patients souffrant de SFC, font principalement appel à un désengagement et à l’auto-culpabilité. De plus, des études antérieures soulignent qu’ils sont caractérisés par une personnalité perfectionniste associée à une tendance à l’auto-critique qui les poussent à l’épuisement. Ils sont donc sujets à ce qui est appelé perfectionnisme mésadapté, ce qui engendre leur tendance à user d’un coping mésadapté en se blâmant et en étant constamment insatisfaits d’eux même. Alors, l’abord du perfectionnisme chez ces malades devrait améliorer leur forme de stress chronique qui les empêche de mener des actions constructives et le tourner vers une forme de coping positif.

Sources :

Perfectionism and Maladaptive Coping Styles in Patients with Chronic Fatigue Syndrome, Irritable Bowel Syndrome and Fibromyalgia/Arthritis and in Healthy Controls ; Fuschia M. Sirois, Danielle S. Molnar ; Psychother Psychosom 2014;83:384–385 DOI: 10.1159/000365174