Retour sur les différentes alternatives à l’allogreffe : la xénogreffe

Elle désigne la transplantation d'un greffon provenant d'un donneur d'une autre espèce biologique que le receveur. Notamment le porc est un animal privilégié en matière de greffe d'organe chez l'humain. Pourquoi le cochon plutôt que le singe ? Les primates sont plus proches de l'humain et cela réduirait considérablement le risque de rejet du greffon si on les utilisait. Cependant cette proximité génétique peut être nocive si l'animal est contaminé par un virus, car celui-ci s'adaptera très bien à l'homme et l'infectera facilement. De plus l'élevage de singes est plus complexe, leur cycle de reproduction est lent et pour des raisons éthiques, sacrifier un cochon offusque moins les populations. Environ 9 000 valves cardiaques porcines sont déjà greffées chaque année en France. Le tissu est préalablement traité chimiquement pour supprimer tout facteur immunogène et toute cellule vivante. La coagulation du sang sur ces valves est bien plus faible qu'avec des valves mécaniques, ce qui permet d'éviter un traitement anticoagulant. Les principales indications concernent les patients insuffisants cardiaque âgés, les jeunes patients ou les femmes en âge de procréer pour qui un traitement anticoagulant est contre-indiqué (en cas de grossesse notamment). Un des modèles de bioprothèse utilisé est la valve porcine stentée de Carpentier-Edwards, qui porte le nom de son créateur (dont vous risquez d'entendre parler dans un prochain article....)

La xénogreffe permet en théorie d'avoir une réserve de greffons quasiment inépuisable mais le système immunitaire reconnaît souvent le greffon comme étranger et le rejette de manière «hyper-aiguë». Ainsi, la greffe d'organe entier d'origine animale ne s'est jamais vraiment clôturée par un succès. Pour le moment elles n'en sont qu'à un stade expérimental sur des primates. Or un gène pose particulièrement problème : celui de la galactose-α-1,3-galactose qui n'est pas retrouvé chez les primates et qui est l'un des responsables du rejet de greffon. Il existe des porcs OGM déficients en cet antigène et qui possèdent d'autres gènes insérés dans leur génome pour les « humaniser » afin d'augmenter leur tolérance. Cependant de nombreux troubles persistent après la greffe (coagulation, inflammation, rejet chronique même avec immunosuppression...)

Si avec les organes entiers ce n'est pas très concluant, l'utilisation de cellules animales isolées est assez prometteuse. Par exemple la greffe hépatique de cellules pancréatiques porcines formant les îlots de Langerhans et produisant de l'insuline fonctionne déjà. Les greffes xénogéniques sont pour le moment restreintes au cadre d'essais cliniques très contrôlés. Les risques qu'elles font courir, les infections surtout, ont abouti à une résolution de l'OMS en 2004 qui demande aux États Membres « d'autoriser les greffes xénogéniques uniquement lorsque les mécanismes nationaux de contrôle réglementaire et de surveillance efficaces relevant des autorités sanitaires sont en place »