Poliomyélite : gardons l’œil ouvert !

La poliomyélite est une pathologie virale du système nerveux, touchant principalement les enfants de moins de 5 ans. Extrêmement contagieux, le virus colonise l’intestin puis les voies nerveuses et entraîne des paralysies fulgurantes voire irréversibles (1/200 infections). Dans 5 à 10% des cas il peut atteindre les muscles respiratoires et êtrealors mortel.
Jusqu’à ce que la protection vaccinale voit le jour dans les années 60 cette infection faisait des ravages avec 600.000 enfants touchés par an dans le monde. C’est en 1988 avec le lancement du programme d’initiative mondiale d’éradication de la poliomyélite par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) que la chasse au poliovirus a véritablement débuté.

La stratégie utilisée fût la suivante:
« Chez le nourrisson : administration de quatre doses de vaccin antipoliomyélitique oral pendant la première année. Des doses de vaccin antipoliomyélitique oral sont administrées à tous les enfants de moins de 5 ans au cours de journées nationales de vaccination. La surveillance chez tous les enfants de moins de 15 ans atteints de paralysie flasque aiguë (PFA), le symptôme qui caractérise la maladie, par un réseau de laboratoires. »

Comme crédo, « Tant qu’un seul enfant reste infecté, tous les autres, dans tous les pays, risquent de contracter la poliomyélite ». La chute de l’incidence mondiale de la maladie de 99% depuis 1988 ainsi que l’absence de cas recensés sur les continents Americain et Européen et la zone du Pacifique Occidentale depuis le début des années 2000 reflètent le succès de la stratégie vaccinale. Des foyers infectieux persistent néanmoins au Nigeria, Pakistan et Afghanistan, dernières zones endémiques du poliovirus. La vigilance est donc de mise, le combat n’est pas fini mais les finances tarissent.

L’OMS note que « l’échec de l’éradication dans ces derniers bastions de la maladie pourrait aboutir à ce que le nombre des nouveaux cas revienne, d’ici 10 ans, à 200 000 par an. » Or, maintenant que la maladie ne fait plus rage certains pays négligent le suivi d’une couverture vaccinale stricte. Cette attitude laxiste est la porte ouverte à l’apparition de nouveaux types de virus, dits recombinants (majoritairement cas d’association des poliovirus avec les entérovirus).
Le Nigéria a suspendu en 2003 les campagnes de vaccination, déclenchant par effet boule de neige une épidémie nationale menaçant les pays frontaliers. Ce gaspillage d’efforts et de temps a un coût financier (US $450 millions pour les vaccins en urgence) et humain (des milliers d’enfants touchés). Ces éléments retardent l’objectif espéré d’éradication de la maladie et d’arrêt de suivi vaccinal, comme ce fut le cas pour la variole en 1980.

Par ailleurs, depuis octobre 2013 des cas de poliomyélite ont été découverts en République arabe syrienne (37 cas au 20 mars 2014); considérant la situation géopolitique actuelle de la région, les mouvements de population nombreux et les conditions d’hygiène précaires, le risque de propagation internationale est sévère, une alerte a donc été lancée par l’OMS pour contrer cette flambée de Poliomyélite au Moyen Orient, véritable « urgence de santé publique de portée globale ». Une opération de riposte d’ampleur considérable se déroule dans ce foyer régional et les recherches de cas isolés vont bon train. A noter tout de même que depuis 1999, plus aucun cas de poliomyélite n’avait été détecté en Syrie.
Ne baissons donc pas la garde, il est de notre devoir de maintenir les efforts des 40 dernières années de lutte contre la poliomyélite.