Myope et presbyte? La monovision est une bonne solution !

A partir de 1963, lorsque le médecin Dr. Jose Barraquer a développé le kératomileusis, les techniques de chirurgie ophtalmologique ont énormément progressé. Notamment la chirurgie réfractive qui englobe toutes les interventions de correction des amétropies à l'aide de lasers ou d'implants principalement. Dans les années 1980, la technique du LASIK (Laser In situ Keratomileusis) a pris son essor pour traiter les myopies (jusqu'à 12 dioptries), les astigmatismes (jusqu'à +6 dioptries) et les hypermétropies (jusqu'à +6 dioptries). Les opérations sont actuellement réalisées sous anesthésie locale grâce à un collyre et un résultat visuel fonctionnel est possible dès le lendemain avec parfois un délai d'adaptation un peu plus long.

L'intervention fait appel au laser Excimer qui modifie la surface cornéenne avec une précision micrométrique. Il agit sous un "capot" protecteur composé de l'épithélium, de la membrane de Bowman et d'une couche de stroma cornéen (soit en tout 160microns) et préalablement soulevé par un laser femtoseconde. Ce dernier est une avancée technique majeure car il diminue les risques de complications et d'effets secondaires par sa plus grande précision, il permet d'opérer des myopies plus fortes ou des cornées plus fragiles.

Un public particulier a recours à la chirurgie réfractive, les patients de plus de 40 ans touchés par une myopie à laquelle s'ajoute progressivement une presbytie. Le problème est souvent qu'ils corrigent leur vue grâce au port de lentilles afin de voir de loin, mais leur vision de près est alors diminuée. Ceux qui portent des lunettes doivent jongler en les enlevant pour la vision proche et en les remettant pour voir de loin. La solution des verres progressifs, plus chers, mal tolérés, encourage les gens à choisir une solution plus définitive.

L'opération qui permet de corriger à la fois la myopie et la presbytie est appelée monovision ou bascule. Le principe est en effet de corriger un oeil pour obtenir une vision de loin optimale et de laisser un peu de myopie sur l'autre oeil ce qui permet une bonne vision de près. Mais une vision asymétrique ne donne-t-elle pas une image floue? Eh bien non! Comme l'explique le chirurgien ophtalmologiste Dr Yves Bokobza : "Le cerveau a un pouvoir phénoménal de neutraliser l'image indésirable, c'est-à-dire que quand on regarde de loin, il va privilégier l'image de l'œil directeur et inversement de près". Le système oculo-cérébral sélectionne spontanément la vision fournie par l'oeil le plus adapté dans chaque circonstance ce qui justifie l'intervention. L'important est de ne pas générer un écart trop important entre les deux yeux pour éviter les céphalées. Le résultat est assez rapide et une vie sans lunette redevient possible, même si elles peuvent redevenir nécessaire dans certaines situations: conduite automobile rapide ou nocturne, lecture à distance ou en luminosité réduite.

Quel oeil subit quoi? En préopératoire, on détermine l'oeil "dominant" et c'est lui qui subira l'opération dédiée à la vision de loin car il contribue le plus aux tâches locomotrices. On peut le déterminer par tests simples comme regarder un objet à travers un cercle formé par le pouce et l'index des deux mains et fermer alternativement les yeux: l'oeil dont l'occlusion fait "sortir" l'objet du cercle est l'oeil dominant. Si l'on n'arrive pas à le déterminer, un essai de monovision sera effectué pour les deux yeux et le patient choisira quel réglage convient le mieux. Ce test est de toute manière réalisé avant chaque intervention, en utilisant des lentilles qui reproduisent le futur paramétrage de la vision. Il dure de quelques jours à une ou deux semaines pendant lesquels le patient doit pratiquer toutes ses activités habituelles et notamment prendre la voiture dans un premier temps comme passager puis comme conducteur.

Quels sont les résultats ?
Chaque année 150 000 à 200 000 Français subissent une chirurgie oculaire pour corriger leur vision, la chirurgie laser de la presbytie concerne 50 000 patients. En effet, il y a 500 000 nouveaux cas de presbytie en France tous les ans. Le succès de la méthode serait de plus de 80% en considérant la satisfaction des patients et leur indépendance vis-à-vis d'une correction optique. Cependant même si le recours à la chirurgie est en hausse, un facteur limitant majeur reste son prix: environ 3000€ pour les deux yeux.