Les SyAMs : une nouvelle avancée contre le cancer

Une étude très récemment menée à l’université de Yale (“Chemically Synthesized Molecules with the Targeting and Effector Functions of Antibodies “) et publiée dans le Journal of the American Chemical Society montre la potentialité d’une nouvelle classe de molécules synthétiques thérapeutiques se comportant comme des anticorps, capables d’amorcer une réponse ciblée et de la stimuler. Ces molécules sont appellées les SyAMs (synthetic antibody mimics), elles peuvent lier en même temps une cellule cancéreuse et une cellule immune capable de la détruire par phagocytose.

Les recherches se sont jusqu’ici portées en particuliers sur les cellules cancéreuses de la prostate. Celles-ci surexpriment à leur surface l’antigène PSMA (prostate-specific membran antigen), que vont détecter les SyAMs-Ps et s’y lier avec une très haute affinité. Ces SyAMs, vont, par un domaine effecteur, lier des cellules immunes grâce à leur récepteur à IgG. Ce récepteur FcγRI (Fc gamma réceptor I) se trouve à la surface des cellules responsables de l’initiation de la réponse pro-inflammatoire contre des cibles opsonisées par leur anticorps ; la liaison à FcγRI initie notamment la phagocytose ou la sécrétion de molécules cytotoxiques contre l’agent à éliminer, ce qui mène à la destruction des cellules cancéreuses ici.

La structure des SyAMs offre de nombreux avantages par rapport aux autres thérapies ciblées qui utilisent des anticorps monoclonaux : ils sont très stables thermiquement, leur petite taille de 7KDa (1/20ème de la taille moyenne d’un anticorps) leur permet une meilleure pénétration des tissus et réduit le risque de provoquer une réaction allergique. De plus, ils ont le potentiel d’être administrés oralement, ce qui est un point fort thérapeutique.

Le professeur David A. Spiegel précise ensuite que cette étude, qui a demandé un temps et des efforts considérables, lui ont permis d’apprendre que les molécules synthétiques d’une taille intermédiaire posséderaient peut-être les propriétés fonctionnelles (de ciblage et de stimulation) des anticorps les plus importantes. Il souligne également qu’il est en tout cas très impressionnant que des molécules de si petite taille puissent lier 2 éléments aussi grands que ces cellules, tout en déclenchant une réaction fonctionnelle spécifique qui résulte entièrement d’interréactions récepteur-spécifiques.

Ces SyAMs sont donc des molécules très prometteuses, non seulement dans le domaine cancérologique, mais aussi en infectiologie, où elles pourraient avoir des applications dans le traitement du VIH ou de différentes maladies bactériennes…


Publication: Patrick J. McEnaney, “Chemically Synthesized Molecules with the Targeting and Effector Functions of Antibodies,” J. Am. Chem. Soc., 2014; DOI: 10.1021/ja509513c