Les salles de shoot : vers un encadrement de la consommation de drogue

Lors de la présentation de sa nouvelle loi de santé, le 19 juin 2014, la ministre de la santé, Marisol Touraine, a réouvert le dossier des “salles de shoot”, ces sites d’injection supervisée sont des salles de consommation à moindre risque rendant possible la consommation de drogue dans un cadre médicalisé. Retour sur un dossier controversé.

Les expressions utilisées pour parler de ces lieux sont nombreuses et il est difficile de savoir quel terme est le plus approprié. Pierre Chappard, coordinateur du Réseau Français de Réduction des risques, nous a éclairés sur cette question : “L’expression “salle de shoot” est surtout médiatique et me semble très négative car le mot “shoot” est associé à la mort, alors que l’expression “salle de consommation à moindre risque” représente très bien l’essence même de ces espaces”.

C’est à Berne, en Suisse, en 1986, que la première salle de consommation a été ouverte . La stratégie nationale mise en place compte 4 piliers : la prévention, la thérapie, la répression et la réduction des risques; la mise en place des salles d’injection répond à ce dernier. À l’heure actuelle, la Suisse en compte plus d’une dizaine. À Vancouver au Canada, la salle a elle aussi fait ses preuves et son développement a fortement influencé l’argumentaire du réseau Français de Réduction des Risques pour la création et l’implantation des ces espaces en France.

Pendant les années 1990, la France a mis en place des mesures pour limiter les risques liés à la consommation de drogues en mettant en place des distributeurs de seringues stériles et un décret a été créé pour créer une salle de consommation à moindre risque à Paris en décembre 2013. Cependant le Conseil d’État a jugé le décret non conforme à la loi de 1970 sur les stupéfiants et ainsi obligé le gouvernement à écrire une nouvelle loi. Pour rappel la loi de 1970 précise que “toute personne usant d’une façon illicite de substances ou plantes classées comme stupéfiants, est placée sous la surveillance de l’autorité sanitaire”. Conformément à la décision du Conseil d’État une loi est en cours de rédaction et devrait rentrer en vigueur début 2015.

Pierre Chappard affirme que “les salles de consommation à moindre risque apporteront de la sécurité non seulement pour les toxicomanes mais aussi pour les populations voisines, car elles sont souvent ouvertes dans des zones où la consommation de drogue est déjà fréquente”. En offrant un encadrement de la consommation de drogues, ces salles diminuent donc les risques qui y sont associés et apportent un confort supplémentaire aux populations concernées. L’avenir nous dira si l’argument suffira à convaincre les populations et politiques.