L’affaire Bonnemaison : la question de la fin de vie et de l’euthanasie au coeur du débat.

Le 25 juin dernier, le médecin urgentiste Nicolas Bonnemaison a été acquitté, il était jugé pour avoir mis fin à la vie de sept de ses patients en phase terminale. Si aucune famille n’a porté plainte contre le médecin, l’une d’elle s’est tout de même constitué partie civile. Le représentant de l’accusation a résumé de manière concise les faits du point de vue de la justice : “votre volonté n’était pas de faire le mal mais pour faire le bien, au regard de la loi, vous avez fait le mal”. Une citation qui illustre illustre avec pertinence la complexité d’une affaire judiciaire et humaine complexe. Le 15 avril 2014, le Conseil de l’Ordre national des médecins avait annoncé la radiation du praticien. Une radiation qui a pris effet le 25 juillet et n’a été en rien remise en question par son acquittement. Le parquet de Pau a fait appel et ainsi mis de l’huile sur le feu d’une affaire qui semblait pourtant toucher à sa fin. Depuis, une pétition de soutien au Docteur Bonnemaison a été lancée. Depuis 2011 l’affaire a fait beaucoup d’encre et a levé beaucoup d’interrogations sur l’euthanasie et la fin de vie des patients, l’occasion aussi de revenir sur les clefs du débat sur la fin de vie.

En 2012, François Hollande, alors candidat aux élections présidentielles a rendu publiques 60 promesses à réaliser pendant son mandat. Parmi ces promesses, la promesse n°21 relative à la fin de vie, une promesse qui projette d’ ”introduire la possibilité de bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité, dans des conditions précises et strictes”. Ce projet propose une amélioration d’une loi qui existe depuis 2005: la loi Leonetti. Condamnation de toutes formes d’obstination déraisonnable, la loi autorise le refus de traitement du patient ainsi que la mise en place de tous moyens nécessaires à combattre la douleur. En cas d’inconscience du patient un collègial doit se réunir et la famille ou une personne de confiance (désignée par le patient) décident de l’arrêt des traitements ou non. Une loi méconnue qui ne semble plus répondre aux volontés des patients et soignants comme le rappelle le cas de Vincent Lambert. La loi Léonetti montre donc ses limites : la dignité des patients n’est que très peu respectée, ils meurent de non-traitement et par conséquent de faim (plus d’alimentation assistée) et de soif.

Pour le président, il ne s’agit pas de légaliser l’euthanasie mais bien de faciliter la fin de vie des patients qui ne souhaitent plus se battre. Monsieur Hollande a par ailleurs nominé le 20 juin dernier Jean Leonetti et Alain Claeys pour une mission temporaire au coté de Madame Touraine. Cette mission devrait permettre d’apporter des solutions à la question des droits des malades et de la fin de vie en continuité avec les lois déjà existantes.

Selon un sondage BVA pour Le Parisien et Aujourd’hui en France 89% des français sont en faveur du vote d’une loi visant à autoriser l’euthanasie, les 65 ans et plus sont à 98% en faveur d’une telle loi. Le sondage va plus loin en s’intéressant aux acteurs les plus légitimes pour décider d’une euthanasie. Ainsi, pour 53% la famille est la plus a même de prendre ce genre de décision, pour 41% le médecin et pour 6% le juge. Des chiffres qui témoignent que là où les politiques et la justices sont indécis les Français semblent savoir ce qu’ils veulent.

Nul doute que le débat ouvert par les affaires Nicolas Bonnemaison et Vincent Lambert ne trouvera de fin qu’avec une loi adéquate aux volontés des patients et aux devoirs des médecin, qui parfois pour soulager les souffrances et ne pas prolonger abusivement les agonies se trouvent dans le nécessité de provoquer la mort.