(Par les Drs Hubertus Glaser et Jörg Zorn)
La conclusion de cette étude est simple : les patients atteints de pneumopathies interstitielles doivent être informés que la technique respiratoire des lèvres pincées pendant une dyspnée d’effort peut avoir des effets plutôt négatifs.
L’étude croisée canadienne a porté sur 35 patients atteints de pneumopathies interstitielles (PI) dont la capacité pulmonaire totale était inférieure à 80 % de la capacité pulmonaire cible et qui ont servi d’échantillon de contrôle.
Dans un ordre aléatoire, ils ont passé deux fois le test de marche de 6 minutes, une fois avec les lèvres pincées et une autre avec une respiration normale. La ventilation et les paramètres métaboliques ont été mesurés à intervalles d'une minute.
En utilisant la respiration à lèvres pincées, la fréquence respiratoire était – significativement – plus basse et le volume respiratoire plus grand, mais la dyspnée était plus forte (dyspnée 5,2 contre 4,2 points sur l'échelle de Borg) et la distance de marche plus courte (403 m versus 429 m).
Plus de 80 % des patients (n = 29) ont trouvé les lèvres pincées moins agréable que la respiration normale. Pour la ventilation totale et la saturation en oxygène, il n'y avait pas de différence significative. Par contre, l'utilisation de la technique des lèvres pincées a entraîné un apport moyen en oxygène plus élevé (13,9 ± 3,6 contre 12,9 ± 3,2 mL/kg/min) même après correction de la distance parcourue.
Les auteurs en concluent que l'utilisation de la technique des lèvres pincées n'a amélioré ni la dyspnée d'effort des patients ni la distance de marche ou l'échange gazeux par rapport à une respiration normale. Ces résultats jettent le doute sur l'utilité de cette technique de respiration pour les patients atteints de PI, qui devraient être pris en considération lors de l’élaboration des programmes de réadaptation pneumologique.
Vu que ces patients ne souffrent pas d’obstruction, il est plausible qu’ils ne bénéficient aucunement de la technique des lèvres pincées.
Il revient donc au pneumologue d’informer ses patients du mécanisme et du champ d’application de cette technique.
Références :
Parisien-La Salle S al. Effects of Pursed Lip Breathing on Exercise Capacity and Dyspnea in Patients With Interstitial Lung Disease: A randomized cross over study. J Cardiopulm Rehabil Prev 2019;39(2):112-7