Virus de l’herpès : la prévention primaire pour les formes oculaires, un rêve à portée de main ?

La prévention primaire est un enjeu quotidien de l’ophtalmologie. Un vaccin contre le virus de l’herpes simplex (HSV) pourrait empêcher ses conséquences cliniques désastreuses.

(Par le Dr. Annabelle Eckert)

Nous avons discuté récemment des possibilités qu’offrait la tomographie en cohérence optique dans le cadre de la détection des maladies neurodégénératives. Avec les bons outils et les biomarqueurs idoines, il deviendra possible de connaître le devenir du patient.

Le billet de blog d’aujourd’hui traite également du futur. La prévention primaire préoccupe de plus en plus les ophtalmologistes. Aujourd’hui, nous allons voir si un vaccin contre l’herpès peut empêcher les conséquences désastreuses de l’infection par ce virus.

L'infection à HSV dans l'œil, un caractère cyclique

L’intégrité de la cornée est indispensable à une vue nette. Plusieurs facteurs menacent cette intégrité. L'infection par le virus de l'herpès simplex entraîne habituellement une infection cornéenne superficielle et s'accompagne rarement d'un stroma cornéen. Si le stroma est également affecté, cela peut entraîner une opacité induite par le système immunitaire. L'infection primaire par le HSV est souvent une conjonctivite non spécifique. Dans certains cas, la cornée est déjà atteinte à cette phase de la maladie. Le patient signale alors une irritation de l'œil avec sensation de corps étranger, épiphora et photophobie.

L'examen révèle souvent une hyperémie conjonctivale et, dans certains cas, une blépharite vésiculeuse. Les vésicules guérissent après environ une semaine sans laisser de cicatrices. La phase d'infection primaire peut alors être suivie d'une infection récurrente. Ceci peut prendre la forme d'une kératite épithéliale avec un résultat positif à la fluorescéine, typiquement de forme arborescente (« ulcère dendritique »).

Dans ce cas, les symptômes consistent à nouveau en une irritation de l'œil avec sensation de corps étranger, épiphora et photophobie. Les traces de cette phase de la maladie, qui - comme son nom l'indique - peut se produire encore et encore, peuvent être observées sous forme d’ hypoesthésie et de cicatrisation de la cornée.

Cette phase de la maladie peut être suivie d'une endothélite linéaire (kératite disciforme). Elle se manifeste par une lésion cornéenne œdémateuse profonde en forme de disque avec uvéite antérieure, qui peut entraîner une déficience visuelle importante et douloureuse. C'est la nature récurrente de l'infection à HSV avec cicatrices et turbidité qui la rend si dangereuse pour l'œil. La vaccination contre l’HSV pourrait sauver de nombreuses personnes de la cécité1.

La vaccination contre le HSV-1 fonctionne sur les souris

En début d’année, un groupe de chercheurs américains a publié son étude1 sur la vaccination contre le HSV-1 réalisée sur des souris. L'objectif à long terme est de rendre cette vaccination possible chez les humains afin de les protéger d'une infection primaire par le HSV dans l'œil.

Pour ces essais, un vaccin vivant atténué contre le HSV-1 a été utilisé. La dose de vaccination a été administrée par voie parentérale aux souris et a permis d'obtenir l'immunité souhaitée. Cela signifie que les souris n'étaient ni atteintes du virus ni vectrices du virus après la vaccination.

Quelques explications sur cette découverte scientifique révolutionnaire… et suite dans le prochain billet.  

Un groupe expérimental hétéroclite

Diverses souches de souris de la lignée consanguine C57BL/6 (type sauvage, TCRalpha(-/-), µMT, FcγRIII(-/-), Ai14/Rosa26-tdTomato Cre-reporter et C3(-/-)) ont servi de cobayes pour le test du nouveau vaccin HSV-1.

Les souris µMT sont caractérisées par un déficit en cellules B, les souris TCRalpha(-/-) par un défaut de la chaîne alpha du récepteur des cellules T et les souris FcγRIII(-/-) par un défaut du récepteur Fcγ génétiquement induit.

Les souris A14 possèdent un gène rapporteur fluorescent, et chez les souris C3(-/-) aucune production du composant complémentaire 3 n'est possible.

Que faisaient les chercheurs avec autant de souches de souris différentes ?
Vous le saurez la prochaine fois !

Références :
1- Royer D. J. et al. (2019). Vaccine-induced antibodies target sequestered viral antigens to prevent ocular HSV-1 pathogenesis, preserve vision, and preempt productive neuronal infection. Mucosal Immunol. 2019 May;12(3):827-839.