(par la Dre Sophie Christoph)
Si les adultes perdent fréquemment le « fil », il peut s'agir des premiers symptômes de microangiopathie cérébrale (MC). Selon une étude récente, une personne âgée sur deux est susceptible de présenter des facteurs de risques d’accident vasculaire.
La MC ou cerebral small vessel disease (CSVD), est l'une des maladies neurologiques les plus courantes chez les personnes âgées. Ces changements vasculaires dans les artères perforantes, les artérioles, les vaisseaux capillaires et les veinules sont associés au développement de la démence vasculaire et à un risque accru d'accident vasculaire cérébral (AVC), de maladie d'Alzheimer et d'autres démences.
Dans une étude récente, 54 adultes âgés de 55 à 80 ans avec au moins un facteur de risque d'AVC (hypertension, diabète, apnée du sommeil, tabagisme, antécédent d’accident ischémique transitoire) ont été examinés par IRM, tests neuropsychologiques et questionnaires.
Environ un patient recruté sur deux a présenté une charge lésionnelle significative (hyperintensité de la substance blanche ∼10 cm3) dans l'IRM structurelle. Ces participants ont également signalé des déficits d'attention subjectifs et une facilité de distraction dans les tâches quotidiennes. Il est intéressant de noter que la moitié d'entre eux ont néanmoins atteint une fonction exécutive se situant dans les normes des tests objectifs.1,2
D'après cette étude, de nombreuses personnes qui ont eu un AVC silencieux remarquent d’elles-mêmes qu'elles ont moins de capacité de concentration ou sont plus souvent distraites, et ce avant même que les séries de tests neuropsychologiques pour l'attention et la fonction exécutive ne l’aient détecté.
Le premier auteur, le Dr Ayan Dey (Université de Toronto) formule cette conclusion pertinente pour la clinique : « Si quelqu'un estime que c'est le cas [qu'il est souvent distrait], il devrait se présenter chez un médecin, surtout s'il existe des conditions préexistantes ou un mode de vie qui augmente le risque d'AVC ou de maladie cardiovasculaire ».
Dans une certaine mesure, les lésions ischémiques de la substance blanche du cerveau de personnes ne présentant pas de signes clinique discrètes deviennent détectables avec l'âge. Bien que ces AVC « cachés » ne provoquent pas de symptômes aussi évidents que l'AVC clinique, la MC entraîne des lésions de la substance blanche (responsable de la communication entre les zones) qui, avec le temps, peuvent entraîner des problèmes de mémoire et cognitifs. « Généralement, ce type d'AVC est détecté au hasard à l'IRM lorsque les lésions cérébrales s'aggravent », ajoute Ayan Dey.
Une fonction exécutive préservée malgré les MC se paie souvent par une prise en charge plus lente. La MC est également associée à une incidence plus élevée de symptômes dépressifs.
Il n'existe pas de traitement efficace contre la maladie d'Alzheimer, mais on peut prévenir les MC. « Si elles sont correctement diagnostiquées ou détectées à temps, les interventions liées au mode de vie pourraient réduire le risque de déclin cognitif chez les personnes âgées » affirme quant à lui le Dr Brian Levine, professeur de psychologie et de neurologie (Université de Toronto). Il s'agit notamment de l'arrêt du tabagisme, de l'exercice, de la gestion du stress, de l'alimentation saine et de la prévention ou de la prise en charge réussie de l'hypertension et du diabète.
Références :
1. Absentmindedness points to earlier warning signs of silent strokes among people at risk. ScienceDaily Available at: https://www.sciencedaily.com/releases/2019/02/190206091417.htm. (Accessed: 20th March 2019)
2. Dey, A. K. et al. Cognitive heterogeneity among community-dwelling older adults with cerebral small vessel disease. Neurobiology of Aging 77, 183–193 (2019).