L’exception française « l’Internat des hôpitaux par concours » est mort ...Vive l'Internat ! *

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L’exception française « l’Internat des hôpitaux par concours » est mort ...Vive l'Internat ! *

La loi « Ma santé 2022 » de retour en seconde lecture à l'Assemblée Nationale.

Les internes vont devenir des « étudiants en formation » : « les docteurs juniors ». Ils ne seront pas « en responsabilité » avant la dernière année, ce qui posera problème pour faire de remplacements.

« Les jeunes médecins vont moins bien qu’avant » affirme le Dr Ludivine Nohales, secrétaire générale de l’ Inter Syndicat National des Chefs de Clinique Assistant (ISNCCA). 24 % des futurs médecins ont eu des idées suicidaires. Plusieurs internes se sont donné la mort depuis l’année dernière.

Une enquête nationale menée sous l’impulsion de l’association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), des syndicats d’internes (ISNAR-IMG, ISNI) et de l’ISNCCA a permis de mesurer l’ampleur des troubles psychiques touchant les jeunes médecins : ils sont harassés, surmenés et manquent de sommeil. Près de 22 000 personnes ont répondu à un questionnaire en ligne. Les résultats sont édifiants. Deux jeunes sur trois seraient anxieux contre 26 % dans la population générale. 28 % des répondants sont dépressifs et 24 % ont eu des idées suicidaires. « Parmi les répondants, 738 jeunes ont déjà fait une tentative de suicide », complète Guillaume Ah Ting, interne en santé publique chargé de l’enquête santé.

Le sexisme et le harcèlement sont également au-devant de la scène. De plus, le non-respect de la réglementation du temps de travail (48 heures par semaine en moyenne) et du repos de sécurité sont des facteurs de risque pouvant entraîner anxiété, dépression et burn-out.

Vers un plan d’action national ?

L’Ordre des médecins, le Dr Valérie Auslender, auteur de « Omerta à l’hôpital » ainsi que le Dr Alban Danset qui avait consacré sa thèse à la santé psychique des externes en médecine saluent cette enquête de première importance. La CSMF apporte son soutien aux revendications des jeunes médecins et affirme que ce mal-être concerne l’ensemble de la profession. « Les médecins ont un risque de suicide 2,3 fois plus élevé que les autres professions », explique son président le Dr Jean-Paul Ortiz.

Quels remèdes pour sortir de ce cercle vicieux ?

1) La réforme des études médicales :

– Le Numerus Clausus : « Un NC trop sévère écartait nos enfants de la médecine : il est supprimé mais cela ne réglera rien ».
– La formation clinique et technique doit être mise en œuvre dès le 2e cycle. Elle est trop tardive. Il faudrait revenir à un vrai Externat, formateur, qui faciliterait la prise de fonction du futur interne. Il faudrait donc une politique de rupture qui se heurte aux dispositions de l’UE ! Le ministère de la Santé s’est réfugié derrière Bruxelles. « Tout étudiant qui a validé son deuxième cycle dans un état membre de l’UE peut accéder au 3e cycle dans un autre état membre de l’UE », nous a-t-on indiqué.

Il faut donc réformer le deuxième cycle et exiger une note seuil pour être admis à l’internat.

2) La chirurgie :

Les internes, avec des semaines de 45 h imposées par l’UE auront de plus en plus de mal à être formés. L’apprentissage est trop tardif, et ils n'auront pas de responsabilités en garde avant la dernière année. Il faut donc retrouver l’élitisme que permettaient certains concours comme l’Internat par concours et non l’Internat pour tous et toutes.

La France avait le meilleur système de santé au monde, elle s’est vue recalée de la première à la quatorzième place. Le soignant est broyé par un système administratif qui bloque toute initiative. Avec un système hospitalier au bord de la rupture, le métier de médecin est lui aussi mis sous pression avec cette réforme de l'internat : en le prolongeant, on retardera d'autant les installations des jeunes médecins. .

* Bernard Kron est Vice-Président de l’Association des anciens internes des Hôpitaux de Paris (AAIHP).