(Par la Dre Annabelle Eckert)
Le virus de l'hépatite A, très répandu, est l'une des infections les plus courantes parmi celles qui peuvent être transmises par voie fécale-orale. Dans les pays où les normes d'hygiène sont faibles, la majorité des enfants de moins de 5 ans souffrent d'une infection par le virus de l'hépatite A (VHA).
Elle se déroule généralement sans signes d'hépatite aiguë et confère une immunité à vie.
La règle suivante s'applique : plus le patient est jeune, moins l'évolution de la maladie est problématique. Dans ces pays (régions tropicales, pays méditerranéens et Europe de l'Est), les épidémies d'hépatite A sont relativement rares en raison de la forte immunité collective.
Dans les pays où les conditions d'hygiène sont meilleures, comme en Europe occidentale, l'infection de la petite enfance n’a généralement pas lieu. Cela a des conséquences dévastatrices pour les patients qui sont infectés plus tard dans leur vie : les infections par VHA chez les enfants plus âgés, les adolescents et les adultes peuvent survenir avec la totalité des symptômes de l'atteinte hépatique aiguë et de ces conséquences.1
La voie de transmission est habituellement l'absorption orale du pathogène par des aliments contaminés : eau (à consommer ou provenant de lieu de baignade contaminé), moules, huîtres, salades ou mains contaminées portées à la bouche.
Le VHA est relativement résistant aux facteurs ambiants : il peut survivre pendant des semaines. Seuls les désinfectants virucides ou une température supérieure à 85°C pendant au moins 1 minute peuvent le rendre inactif 1. De plus, seule une faible quantité de virus est nécessaire pour l’infection. Une bonne hygiène des mains est donc indispensable.
Il y a d'autres indications pour la vaccination contre l'hépatite A : les patients atteints d'une maladie hépatique chronique, ceux dont l'hémophilie nécessite une substitution, ceux dont le comportement sexuel présente un risque accru d'infection, ainsi que les personnes souffrant de troubles du comportement dans les établissements psychiatriques.
Sans oublier, bien sûr, le personnel des services de santé, de laboratoire, des garderies et des stations d'épuration des eaux usées. À ce propos, qui d'entre vous est vacciné contre l'hépatite A ?
Il peut s’écouler jusqu'à 50 jours entre le moment de l'infection et l'apparition de la maladie. Un vaccin protecteur post-exposition pour les personnes qui ont été en contact avec des patients infectieux est donc très utile. La vaccination offre généralement une protection après 12 à 15 jours.
Toutefois, la vaccination active/passive post-exposition n'offre pas toujours une protection contre les épidémies. Mais les chiffres sont plutôt bons : après la première vaccination avec le vaccin monovalent, des anticorps contre le virus de l'hépatite A ont pu être détectés chez plus de 90 % des patients. La deuxième dose de vaccin doit être administrée après 6 à 12 mois.
L'OMS s'est bien sûr déjà penchée sur la question des « hépatites virales ». Dans sa « Stratégie mondiale du secteur de la santé contre l'hépatite virale, 2016-2021 », elle présente sa stratégie pour prévenir et combattre l'hépatite virale. L’objectif serait de réduire le taux d'infection de 90 % et le taux de mortalité par hépatite virale de 65 % d'ici 2030.3
Les vaccins contre le virus de l'hépatite A sont disponibles depuis plus de 20 ans. Le premier vaccin a été approuvé aux États-Unis en 1995. Le vaccin a été mis au point par Maurice R. Hillemann, qui a participé à la mise au point d'une quarantaine de vaccins au cours de sa vie.3,4
De grandes avancées ont été réalisées depuis la mise au point du vaccin vivant Vaqta inactivé par le formaldéhyde. Ce vaccin est cultivé dans des cultures cellulaires de fibroblastes humains. Les fibroblastes ont déjà été mis en contact avec la souche vaccinale HM 175.5 Après isolement du virus, celui-ci est inactivé par le formaldéhyde.
La prochaine fois, nous évoquerons les vaccins à base de plantes...
Sources :
1. Wasley A. et al. (2006). Hepatitis A in the Era of Vaccination. Epidemiologic Reviews, Volume 28, Issue 1, August 2006, Pages 101–111.
2. https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/hepatitis-a
3. Newman L. (2005). Maurice Hilleman. BMJ. 2005 Apr 30; 330(7498): 1028.
4. Oransky I.(2005). Maurice R Hilleman. The Lancet. 2005 May 14-20;365(9472):1682.
5. Epidemiology and Prevention of Vaccine-Preventable Diseases.The Pink Book: Course Textbook - 13th Edition (2015).