«Nous avons mis sur pied dès le mois de mars le dispositif de suivi «COVICARE», afin d’offrir un suivi à distance aux malades pouvant être pris en charge de manière ambulatoire en l’absence de leur médecin traitant.» explique le Dr professeur Idris Guessous - épidémiologiste aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) - qui a dirigé ces travaux. «Nous avons ainsi pu comprendre l'évolution de la maladie chez les personnes ne souffrant, pour la majorité d’entre elles, ni de facteurs de risques particuliers, ni d’une forme grave de la maladie.»
Du 18 mars au 15 mai 2020 - période du recrutement de cette étude1 - seules les personnes symptomatiques étaient testées. De nombreux cabinets de médecins généralistes étant fermés, les personnes qui n'étaient pas hospitalisées d'emblée ont pu bénéficier d'un suivi à distance via un centre de soins ambulatoires (processus COVICARE).
Ces résultats sont conformes à une étude américaine2 portant sur 274 participants. Les auteurs avaient signalé la persistance des symptômes 14 à 21 jours après le diagnostic.
La Dre Mayssam Nehme, première auteure de ces travaux, décrit l’état d’esprit des malades: «Outre la pénibilité physique de leurs symptômes, beaucoup étaient très inquiets de savoir combien de temps allait durer leurs symptômes. Certaines séquelles demeurent d’ailleurs sans réponse médicale claire. Dans l’état actuel des connaissances, il est important d’accompagner les personnes concernées et de les écouter», ajoute-t-elle.
Pour Mayssam Nehme une large campagne d’information auprès de la population, des soignants mais aussi des employeurs est nécessaire. «Il est essentiel que toutes et tous se rendent compte que même des personnes à priori en bonne santé peuvent se retrouver épuisées par la Covid-19, même plusieurs semaines ou mois après l’infection.»
Reconnaître la persistance des symptômes est une première étape face aux inquiétudes légitimes des patients. La création de consultations spécifiques pour les cas de Covid-longs permet d'optimiser leur prise en charge.
L’étude - dont les premiers résultats ont été publiés dans la revue Annals of Internal Medicine - se poursuit. Il s'agit pour les auteurs de comprendre l’évolution à long terme de ces malades, en assurant le suivi de la cohorte à 3 mois, 7 mois et 12 mois après l’infection.
Références :
1- COVID-19 Symptoms: Longitudinal Evolution and Persistence in Outpatient Settings
2- Symptom Duration and Risk Factors for Delayed Return to Usual Health Among Outpatients with COVID-19 in a Multistate Health Care Systems Network