PLFSS:Les jeunes médecins contre la régulation de l’installation

Hier, la Commission des Affaires Sociales a accepté un amendement au Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) prévoyant que dans les zones où « est constaté un fort excédent en matière d’offre de soins, le conventionnement à l’assurance maladie d’un médecin libéral ne peut intervenir qu’en concomitance avec la cessation d’acti

Hier, la Commission des Affaires Sociales a accepté un amendement au Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) prévoyant que dans les zones où « est constaté un fort excédent en matière d’offre de soins, le conventionnement à l’assurance maladie d’un médecin libéral ne peut intervenir qu’en concomitance avec la cessation d’activité libérale d’un médecin exerçant dans la même zone. » et la réaction des étudiants en médecine et des jeunes médecins français sur cette question de l’installation ne s’est pas fait attendre.

Ainsi, leurs représentants : ISNAR-IMG, ISNI, ANEMF, SNJMG, ISNCCA et ReAGJIR ont diffusé dans la foulée un communiqué de presse intitulé : “Les patients ne sont pas des marchandises”. Ils y dénoncent une mesure inefficace et dangereuse.

La désertification médicale est un sujet sensible en cette période pré-électorale et les jeunes médecins ont à cœur de voir leur liberté d’installation respectée. Cet amendement vient cependant mettre un frein à cette liberté et s’apparente à de la coercition à l’installation.

Pour le Dr. Sophie Augros, Présidente de REAGJIR: “Cet amendement est en effet le premier pas vers la coercition à l’installation. Plus que la coercition, il met en place la régulation à l’installation en limitant l’installation à certaines zones pour “orienter” les jeunes à s’installer dans les autres zones. Notre argument est que cet amendement ne réglera en rien le problème des installations en zone sous dotée, car les jeunes médecins ont toujours la possibilité de faire autre chose que du libéral. Au final cette mesure ne concerne personne, elle créera plus tard des déserts dans les zones sur-dotées et, surtout, elle dégoûtera encore plus les jeunes à choisir l’exercice libéral.”

Le vote d’un tel amendement aura des conséquences non seulement sur l’installation des médecins, mais aussi sur les patients car il ouvre la possibilité à l’installation déconventionnée. Le déconventionnement ouvre la porte à une médecine privée. Pour le Dr. Augros : “La limitation en zone sur-dotée va surtout concerner les médecins spécialisés des cliniques privées qui ont besoin d’être nombreux à un même endroit pour payer des plateaux techniques performants.” Par ailleurs, cet amendement risque de modifier profondément la relation de soins et  de transformer la patientèle en un capital retraite pour le médecin à la recherche d’un successeur.

Le Dr. Augros ajoute : “Nous savions que des amendements “coercitifs” allaient être proposés avec le PLFSS 2017, ce qui nous fait peur cette fois ci, c’est qu’il est porté par des députés de tous les partis politiques, y compris des socialistes, alors que le gouvernement est contre… Cette période électorale fait que l’on oublie le débat avec les professionnels et les jeunes (les principaux concernés) au profit d’enjeu politique/électoraliste…”

Texte : esanum / pg
Photo : givaga / Shutterstock // Sergey Nivens / Shutterstock