Un intestin artificiel fonctionnel : une découverte capitale !

Une équipe de chercheurs français de l’Inserm (Unité « Neuropathies du système nerveux entérique et pathologies digestives », Nantes) en coopération avec une équipe de chercheurs américains du Cincinnati Children’s Hospital Medical, a mis au point un intestin artificiel humain fonctionnel.

Une équipe de chercheurs français de l’Inserm (Unité « Neuropathies du système nerveux entérique et pathologies digestives », Nantes) en coopération avec une équipe de chercheurs américains du Cincinnati Children’s Hospital Medical, a mis au point un intestin artificiel humain fonctionnel.

Ce dernier a été fabriqué in vitro en prenant des cellules souches pluripotentes humaines. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature Medicine en novembre 2016. Un espoir pour la médecine régénératrice.

Les chercheurs ont dans un premier temps conduit ces cellules souches pluripotentes à devenir un tissu intestinal selon un processus déjà utilisé auparavant. Ils ont manipulé des cellules nerveuses à un stade embryonnaire, afin d’obtenir des cellules précurseurs des cellules nerveuses entériques dans le but de concevoir un système nerveux fonctionnel. L’intestin est un système très complexe, appelé le deuxième cerveau, de part son activité entérique, qui contrôle de nombreuses fonctions.

Les deux préparations cellulaires ont enfin été réunies dans un gel, et elles ont adoptées une conformation en 3D de 1 à 2 millimètres de longueur. La fonctionnalité de l’organoïde a été testé en le greffant non dans le tube digestif, mais dans une région plus vascularisée, chez une souris démunie de système immunitaire. Au bout de 6 semaines l’intestin artificiel est passé d’une longueur de quelques millimètres à 1 à 3 cm et il était devenu mature. Obtenant alors toutes les fonctions d’un intestin humain. Jusque là, les laboratoires n’avaient réussi, qu’à reproduire des tissus intestinaux sans système nerveux, à la différence de cette découverte qui possède son propre système nerveux.

Ce mini organe de nombreux intérêts : il pourrait, à terme, permettre la découverte des causes de certains troubles intestinaux dont l’origine est mal comprise, il pourrait aussi permettre d’essayer des nouveaux traitements avant de proposer des essais cliniques chez l’homme et trouver le plus efficace. Enfin, cette nouvelle approche va permettre de remplacer des morceaux d’intestin défectueux, comme dans le cas d’une pseudo-obstruction intestinale chronique ou encore le syndrome du grêle court par un morceau d’intestin personnalisé conçu en labo.

Pour montrer la pertinence de l’outil, les chercheurs ont déjà créé un modèle in vitro de la maladie de Hirschsprung, pathologie dans laquelle le rectum et le côlon sont dépourvus de système nerveux, entraînant constipation et occlusion intestinale. Les tests in vitro ont permis de confirmer le rôle d’un gène, le PHOX2B.

Ce nouvel intestin artificiel doit encore être amélioré mais pourrait apporter de grandes perspectives et la médecine personnalisée pourrait en tirer parti.

Texte : esanum / ep
Photo : Ben Schonewille / Shutterstock