Faculté cognitive durant l’enfance et obésité à l’âge adulte

Le surpoids et l’obésité (IMC >25 et 30 kg/m², respectivement) sont des problèmes de santé majeurs dont la prévention et le traitement sont devenus une priorité sanitaire globale. Récemment, la faculté cognitive enfantine a été identifiée comme facteur de risque de l’obésité. Contexte Plusieurs études ont associé une “intelligence” générale f

Le surpoids et l’obésité (IMC >25 et 30 kg/m², respectivement) sont des problèmes de santé majeurs dont la prévention et le traitement sont devenus une priorité sanitaire globale. Récemment, la faculté cognitive enfantine a été identifiée comme facteur de risque de l’obésité.

Contexte
Plusieurs études ont associé une “intelligence” générale faible à un IMC plus élevé et une obésité à l’âge adulte, mais se base en général uniquement sur l’IMC et souvent par auto-déclaration de la taille et du poids. L’IMC, bien que très spécifique, n’est pas un indicateur assez sensible du taux de graisse corporelle. L’apport de la faculté cognitive enfantine comme prédicteur du risque d’obésité selon l’indice de masse grasse (IMG) (>25% pour les hommes, >35% pour les femmes) est inconnu.

Etude et méthodes
Un article récent du journal Nutrition & Diabetes (DOI: 10.1038/nutd.2016.30) s’est intéressé à cette association. Les participants recrutés entre 1985 et 1986 ont eu un suivi médical à 56 mois évaluant le raisonnement général, l’intégration visuo-motrice, la compétence verbale et la compréhension du langage. Puis entre 2009 et 2012, 816 participants ont pu être de nouveau suivis pour des mesures corporelles (IMG, taille, poids et tour de taille). Les covariables d’âge, du sexe, de l’IMC rapporté à l’âge, du style de vie, des habitudes diététiques et de l’éducation ont été prises en considération pour les études statistiques d’association.

Résultats
Les données révèlent une association négative entre IMG et intégration visuo-motrice, à savoir que plus l’intégration visuo-motrice à 56 mois est faible, plus l’IMG à 25 ans est élevé. Pour chaque diminution du score visuo-moteur d’une déviation standard, l’IMG augmente de 0.62%, augmentant le risque relatif d’obésité (selon l’IMG) de 30% (OR=-1.30, IC95%=[1.05-1.62], p=0.02).
L’intégration visuo-motrice à 56 mois, au même titre que le raisonnement général, sont également inversement associés à l’IMC et au tour de taille. L’IMC augmente de 0.32 et 0.45 kg/m² et le tour de taille augmente de 0.84 et 1.1 cm pour chaque diminution d’une déviation standard du score visuo-moteur et du score de raisonnement, respectivement.

D’après les résultats de cette étude, la compétence verbale et la compréhension du langage à 56 mois ne sont pas associés à des différences d’IMG, IMC ou de tour de taille à l’âge adulte. La catégorisation d’obésité ou non-obésité selon l’IMC ou selon l’IMG n’a pas révélé de différence de faculté cognitive à 56 mois.

Enfin, l’analyse d’interactions met en évidence un effet significatif des interactions “poids de naissance x raisonnement général” (p<0.001), “poids de naissance x compétence verbale” (p=0.029) et “IMC ajusté à l’âge à 56 mois x raisonnement général” (p<0.01) sur l’analyse d’association entre facultés cognitives à 56 mois et IMG.

Conclusions
Les résultats de cette étude mettent en évidence une différence entre obésité à l’âge adulte définie par l’IMC, à laquelle le raisonnement général et l’intégration visuo-motrice à 56 mois sont associés, et l’obésité définie par l’IMG, pour laquelle une association aux facultés cognitives à 56 mois ne concerne que l’intégration visuo-motrice. Ceci remet en cause l’hypothèse selon laquelle des facultés cognitives inférieures, évaluées au cours de la petite enfance, présenteraient un risque d’adiposité à l’âge adulte, selon le critère de l’indice de masse grasse. Le niveau d’éducation des parents et des sujets joue un rôle important dans les associations observées, qui ne sont plus significatives lorsque ce paramètre est pris en considération dans les modèles statistiques. Ceci est en accord avec la littérature existante, associant l’obésité à un faible niveau d’éducation. Dans l’interprétation des résultats obtenus, il faut tenir compte que des enfants de 56 mois n’ont pas forcément acquis leur plein potentiel cognitif (scolarisation), et que la prévalence de l’obésité, ici évaluée à 25 ans, augmente avec l’âge et atteint son maximum à la quarantaine.

Texte : jd / esanum
Photo : Africa Studio / Shutterstock


Découvrez d’autres comptes-rendus d’études ici : COMPTES-RENDUS D’ETUDES