Une étude française rapporte l'inutilité d'une sédation préalable à une anesthésie…

Voilà qui devrait faire changer les pratiques des anesthésistes : au quotidien il n'est pas rare que les patients reçoivent un petit « calmant », sur leur demande, avant une opération. Une étude menée dans 5 hôpitaux universitaires français montre pourtant que les effets sont plus négatifs que bénéfiques. 1062 patients adultes de moins de 70 ans devant subir des chirurgies sous anesthésie générale ont été divisés en 3 groupes égaux recevant soit 2,5mg de lorazepam, soit un placebo, soit aucune prémédication.

Le score EVAN-G (évaluation du vécu de l'anesthésie générale) estimant 6 dimensions de la satisfaction du patient (confort, attention, information, prise en charge de la douleur, délais d’attente, intimité) vaut 100 au maximum et a été analysé dans cette étude. Aucune différence significative n'a été mise en évidence chez ces 3 groupes qui ont un score d'environ 72. De même dans les sous-groupes sujets à une anxiété plus importante, aucune amélioration significative du score n'a été rapportée. En revanche le temps entre la fin de l'anesthésie et l'extubation était de 17 minutes pour ceux qui ont reçu du lorazepam, 13 minutes pour le groupe recevant le placebo et 12 minutes sans la prémédication. Le taux de patients ayant retrouvé leurs fonctions cognitives après 40 minutes était respectivement de 57%, 71% et 64%.

Certes le lorazépam réduit l'anxiété du patient avant l'opération, mais sa prise ne modifie pas sa satisfaction après l'opération. Les auteurs concluent donc que l'usage en routine du lorazépam en prémédication sédative ne présente pas assez de bénéfices et rallonge même de 5 minutes le temps nécessaire avant de pouvoir extuber. Par contre, une meilleure prise en charge psychologique, en prenant le temps d'expliquer l'intervention est une méthode efficace pour réduire l'anxiété sans effets indésirables médicamenteux. D'autant plus que les recommandations nationales actuelles visent à réduire la prescription et la consommation des benzodiazépines. Or sur les sites internet de nombreux hôpitaux expliquant le principe de l'anesthésie générale à leurs patients, on peut encore lire « Après administration d'un calmant (prémédication) et mise en place des perfusions [...] » comme si cette prémédication était obligatoire dans la procédure.

Il faudrait donc idéalement inciter les patients à ne pas demander cette prémédication en remédiant à leur stress par des méthodes plus « douces ». L'ANSM rappelle en effet que la prescription des benzodiazépines à visée anxiolytique et hypnotique ne doit être envisagée qu’après échec des approches non médicamenteuses.

http://jama.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=2174028