CFP 2016 – L’absentéisme scolaire : une urgence thérapeutique

Session du mercredi 23 novembre, 14H00, “L’absentéisme scolaire”, Président : Jean–Philippe RAYNAUD – Toulouse, Intervenants: Bruno RIST – Bouffemont, Catherine LACOUR–GONAY – Champs-sur-Marne, Nicole CATHELINE – Poitiers L’absentéisme scolaire concerne 2 à 5% de la population générale et est en hausse constante. De ce fa

Session du mercredi 23 novembre, 14H00, “L’absentéisme scolaire”, Président : Jean–Philippe RAYNAUD – Toulouse, Intervenants: Bruno RIST – Bouffemont, Catherine LACOUR–GONAY – Champs-sur-Marne, Nicole CATHELINE – Poitiers

L’absentéisme scolaire concerne 2 à 5% de la population générale et est en hausse constante. De ce fait, il représente une véritable urgence thérapeutique. Les élèves concernés sont par ailleurs de plus en plus jeunes. Si les spécialistes constatent depuis 2000 une augmentation, cette dernière se veut plus nette depuis 2010.

Il n’y a pas d’explication unique à ce phénomène et si effectivement, des manifestations anxieuses sont souvent présentes, elles ne doivent pas être sorties du contexte anxiogène que peut représenter la scolarité. La famille représente un axe important dans la prise en charge, témoin du décrochage scolaire de l’enfant, elle peut jouer un rôle central dans la réinsertion du jeune en difficulté.

Pour le Dr. CATHELINE l’évolution familiale peut être un facteur explicatif de l’absentéisme scolaire. En effet, la famille, dans son caractère “casanier”, de “cocooning” est en rupture avec la société de concurrence à laquelle les enfants sont confrontés une fois sortis du cadre familiale.

La souffrance de l’adolescent est centrale et se doit d’être pleinement prise en compte. En effet, le décrochage scolaire est fréquemment à considérer comme l’arbre qui cache la forêt. En conséquence, le parcours de soins à mettre en place est spécifique et ne répond pas nécessairement à une demande de l’adolescent. Des dispositifs, fondés sur la collaboration entre enseignants, soignants et famille permettent une prise en charge de l’absentéisme scolaire, avant que celui-ci ne devienne chronique et irréversible.

Le Dr. RIST est chef de service clinique médico psychologique au Centre Jacques Arnaud. Ce dernier fait partie de la Fondation Santé des Étudiants de France (FSEF), il y a 12 établissements de ce type en France. Il s’agit d’établissement public local d’enseignement (EPLE) mettant en place un projet de santé personnalisé, adapté à chaque situation associé à un accompagnement scolaire. Les établissement permettent une alliance thérapeutique et la séparation familiale, ce qui permet à terme une réinsertion sociale des jeunes pris en charge.

Situé à Champs-sur-Marne, le centre d’évaluation et soins pour ado (CESA) a été créé en lien avec la FSEF. Le Dr. LACOUR–GONAY y est psychiatre et explique quand pour 80% des patients, le décrochage scolaire est la cause du suivi. Il applique en ambulatoire le savoir-faire d’une équipe médicale et éducative conventionnée par l’Éducation Nationale. L’équipe se compose de quatre professeurs de l’Éducation Nationale, 110 établissements de Seine et Marne.. Ce programme est un outil d’échange avec l’institution scolaire et permet notamment un allégement scolaire pour favoriser les relations de groupe. La prise en charge mise en place par le CESA est familiale et aboutit dans 60% des cas à une rescolarisation.

En conclusion, le décrochage scolaire doit être abordé de façon transdisciplinaire afin d’offrir au jeune concerné une prise en charge adaptée. Il apparaît par ailleurs primordial de ne pas pas être l’enfermer dans une surmédicalisation exclusive mais de gérer le problème dans tout ce qu’il a de complexe.

Texte : esanum / pg
Source : CFP 2016
Photo : urfin / Shutterstock